Documentation ICART Brochures Contacter ICART Portes ouvertes Candidater ICART Candidater

Les rencontres de Pierre Gaffié, intervenant à l’ICART : Un regard unique sur le cinéma et l’enseignement

Pierre Gaffié, journaliste, réalisateur et scénariste, partage avec passion son expérience et sa pédagogie à l’ICART. Entre anecdotes inspirantes et réflexions sur le cinéma et la culture, il nous livre un portrait riche et captivant. Retour sur un entretien empreint d’authenticité.

Un parcours singulier au service de la transmission

Journaliste à la radio puis à la télévision, Pierre Gaffié fait ses débuts sur France 3 avant de rejoindre l’équipe de « Nulle part ailleurs » sur Canal+. C’est à la fin de l’une de ses chroniques qu’il rencontre le chanteur Daniel Lavoie, qui incarnait Claude Frollo dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris. Ce dernier lui suggère de se lancer dans l’écriture de scénarios, une recommandation qui va profondément influencer sa carrière. Pierre Gaffié se lance alors dans la réalisation de films – fictions, documentaires et clips musicaux pour Sony Musique, toujours en collaboration avec des artistes qu’il admire. Actuellement, il prépare son premier long-métrage ainsi qu'une série TV, tout en continuant de transmettre sa passion à l'ICART.


La pédagogie par l’image et l’interdisciplinarité

En tant qu’intervenant à l’ICART, Pierre Gaffié enseigne l’analyse cinématographique aux étudiants de 4e et 5e années en Ingénierie Culturelle et Management. Son objectif : former les futurs professionnels à comprendre, contextualiser et décrypter les images, dans un monde saturé de contenus visuels. « Le cinéma n’est pas une île à part, mais une presque-île greffée aux autres arts », affirme-t-il. Il insiste sur l’importance de l’interconnexion entre les arts : littérature, photographie, musique, théâtre, toutes ces disciplines enrichissent la pratique et la narration cinématographique.

Pierre Gaffié cite notamment Pedro Almodóvar, qui s’inspire d’une toile de René Magritte pour une séquence d’amour dans Étreintes brisées, Quentin Dupieux, qui était un musicien accompli sous le nom de Mr Oizo avant d’être réalisateur ou encore le styliste Tom Ford, qui a réalisé deux des films américains les plus singuliers de ces dernières années (Nocturnal Animals et A Single Man). « Aujourd’hui, on confie à des artistes comme Cédric Klapisch, James Gray ou Michael Haneke des mises en scène d’opéras. Et ne parlons même pas des cinéastes qui réalisent des clips-vidéos ou des publicités. Ça en dit beaucoup de l’envie des artistes de sortir de leurs zones de confort. » Il ajoute : « Pour moi, si l’enseignement ne reflète pas cette ébullition dans les cours, il ne saisit pas le monde d’aujourd’hui, et donc celui dans lequel baignent les étudiantes et étudiants. »


Former des étudiants polyvalents et visionnaires

Pierre Gaffié insiste sur l’importance de contextualiser une image, et notamment un film. « Le cinéma, en raison de son coût, doit avoir des retombées internationales », souligne-t-il. Un de ses objectifs est de faire comprendre que les films n’arrivent pas par hasard, mais qu’ils suivent un véritable cheminement. Il cite l’exemple de La Vie d'Adèle d’Abdellatif Kechiche, qui est adapté de la bande dessinée Le Bleu est une couleur chaude de Julie Maroh. Dans l'œuvre originale, la protagoniste meurt de chagrin suite à une rupture amoureuse, alors que le film propose une fin différente, où elle surmonte sa peine. Pierre Gaffié suppose que le cinéaste a voulu éviter de montrer une forme de suicide à l'écran, un sujet particulièrement délicat dans un contexte où la santé mentale des adolescents est au centre des préoccupations publiques. Le cinéma, pour lui, a une responsabilité, d’autant plus qu’il façonne parfois la perception du monde. Ainsi, il évoque l’exemple du feuilleton Dallas dans les années 80, qui glorifiait la culture du profit immédiat et du pétrole et qui aurait contribué selon certains chercheurs à façonner l’Amérique d’aujourd’hui. Cela rappelle l’importance de la responsabilité sociale du cinéma.

Un autre objectif de Pierre Gaffié est d’encourager ses étudiants à ne pas suivre aveuglément les modes, mais à prendre des risques créatifs. « Ils doivent se préparer à des carrières où l’incertitude et le pari artistique font partie du quotidien », précise-t-il. Pour lui, l’industrie du cinéma regorge de surprises, et qui aurait pu prédire que Demi Moore décrocherait un prix pour le film The Substance réalisé par une cinéaste française inconnue deux ans plus tôt ? C’est pourquoi il encourage ses étudiants à participer à des festivals de courts-métrages, où ils peuvent rencontrer des cinéastes émergents, échanger, et commencer à bâtir leur réseau professionnel.

 

Invités et rencontres inspirantes

Pierre Gaffié organise régulièrement des rencontres avec des personnalités influentes de l’industrie du cinéma et de la culture. Ces invités apportent des éclairages précieux sur diverses disciplines artistiques, offrant ainsi aux étudiants une vision complète et nuancée de l’industrie cinématographique.

Voici quelques invités reçus en 2024 et les thématiques abordées :

  • Agathe Hassenforder (directrice de casting de La Nuit du 12, César du meilleur film en 2023) a discuté de l’alchimie du casting, expliquant comment chaque acteur trouve sa place dans un film. Elle a illustré cette dynamique par son travail sur Les Choristes, où le casting a joué un rôle déterminant dans le succès du film. Elle a également parlé des défis du vedettariat, un équilibre parfois difficile à trouver.
  • Christine Masson (journaliste et critique de cinéma sur France Inter) a partagé sa manière singulière d’écrire ses textes pour l’émission On aura tout vu et notamment de son approche psychologique pour interroger les personnalités.
  • Michèle Halberstadt (ancienne rédactrice en chef de Première et distributrice de May December) a évoqué son parcours du journalisme à la production. Elle a détaillé les risques financiers qu’un producteur doit assumer, mais aussi l’importance de s’entourer des bonnes personnes. Elle a parlé de son travail sur le film Nouvelle Vague de Richard Linklater et des « coups de poker » nécessaires quand on est dos au mur.
  • Delphine Lhomme (storyboardeuse pour le cinéma et Netflix) a mis en lumière l’importance du dessin dans la préparation d’un film ou d’une série. À travers son travail pour Marinette, un film sur le football féminin, elle a détaillé le défi de capturer les corps en mouvement, notamment dans un sport aussi iconique que le football, soulignant l’importance du visuel dans la narration.

Pierre Gaffié explique que ces rencontres sont cruciales pour les étudiants : « Ce qui est dit par nos invités dans l’intimité d’une salle de classe est inestimable. On est dans le dur, dans le doux, dans le vrai. » Ces échanges sont non seulement enrichissants, mais aussi très concrets, donnant lieu à des discussions passionnées qui continuent même après la fin des cours, une fois le mot « coupez ! » prononcé…

Un conseil (ou plusieurs) pour les étudiants en Ingénierie Culturelle et Management de l’ICART, pour réussir dans l’industrie du cinéma ?

Pierre Gaffié prodigue deux conseils essentiels pour les étudiants de l’ICART : la polyvalence et la mémoire. Il insiste sur l’importance de ne pas se limiter à une seule discipline, même pour les passionnés de cinéma. « Les bons films se font par des gens curieux de tout, qui ne sont pas assis sur leurs certitudes. » Naviguer entre diverses disciplines artistiques permet de nourrir une vision plus large et de développer des perspectives uniques. Il illustre cette idée avec l’exemple — relaté par Eric Libiot (invité également à l’ICART et auteur de L'amour ouf, journal intime d'un film) — du premier assistant de Gilles Lellouche sur le film, qui était philosophe de formation. Ce type de parcours démontre que la richesse artistique découle souvent d’un esprit curieux et ouvert.

En parallèle, il souligne l’importance de préserver les traces de son parcours : « Gardez vos visuels, vos photos, vos vidéos, et filmez-vous lorsque vous prenez la parole en atelier ou en cours. » Ces archives personnelles, parfois négligées, peuvent se révéler précieuses à long terme. Pierre Gaffié évoque la comédienne Sandrine Bonnaire, qui a changé le regard sur l’autisme grâce à des vidéos de sa sœur qu’elle avait conservées, ou encore sa propre expérience avec Clovis Cornillac, revu récemment et ému de réécouter une ancienne interview réalisée à ses débuts. Il met aussi en garde contre une trop grande dépendance aux réseaux sociaux pour conserver ces souvenirs : « Les réseaux ne doivent pas être les coffres-forts de nos vies. Tenez un journal de bord et soyez maître de votre histoire. »

« On ne sait pas ce que nous réserve le passé ! » conclut-il, en encourageant les étudiants à commencer dès aujourd’hui à préparer le « best-of » de leur vie et de leur carrière.


Les points forts de la formation en management culturel de l'ICART

« Pour moi, l’ICART est une ruche. Ça bouge, ça essaime, ça bourdonne », décrit Pierre Gaffié. Contrairement au « buzz » éphémère des médias, ce bourdonnement s’inscrit dans la durée grâce à des défis stimulants qui poussent les étudiants à allier les acquis des cours à leur propre sens de l’initiative. Les études de cas, véritables passerelles vers le monde professionnel, et les projets culturels de fin d’année, témoignent de cette démarche concrète et engagée. Cette effervescence repose également sur l’ouverture de l’école vers l’extérieur, encouragée par l’inventivité de figures comme Nicolas Laugero Lasserre (Directeur de l’ICART) et Valérie Guibert (Directrice des études), qui refusent toute idée d’immobilisme.

Un autre point fort de la formation réside dans la possibilité pour les étudiants de découvrir, progressivement, ce qui stimule véritablement leur âme. « Je suis contre Parcoursup », affirme Pierre Gaffié, qui valorise une approche exploratoire et multidisciplinaire. L’ICART offre à ses étudiants une multitude d’horizons et de savoirs, permettant à chacun de trouver sa voie, parfois de manière inattendue. Certaines carrières se construisent sur un déclic immédiat, tandis que d’autres prennent forme après un temps de maturation, souvent dans des disciplines artistiques auxquelles les étudiants n’auraient pas pensé au départ. « L’ICART est une très belle maternité de destins », conclut Pierre Gaffié.


Une dernière anecdote pour conclure ?

« Lors du Festival de Cannes 2021 (partenaire de l’ICART), les étudiants ont eu l’occasion d’interviewer l’équipe du film La panthère des neiges, adapté du livre de Sylvain Tesson. Ce soir-là, vers 23h – l’heure de pointe des SMS à Cannes ! – l’attaché de presse m’a écrit pour me dire que les deux réalisateurs avaient considéré leur interview comme la meilleure parmi la vingtaine qu’ils avaient données ce jour-là. Ce moment m’a rempli de fierté : il illustre parfaitement le sérieux, la curiosité et la passion que nos étudiants mettent dans chaque projet, même face aux défis les plus ambitieux. »

 

Téléchargez une documentation

Merci de sélectionner un campus.